dimanche 8 mars 2009

Société : sondage sur le piratage, loi hadopi

Aujourd'hui le quotidien gratuit Métro publie un sondage réalisé par la Sofrès sur le piratage (échantillon représentatif de 1000 personnes, âgées de 18 ans et plus, entretien face à face au domicile). Les chiffres ci-dessous concernent les Internautes quotidiens :

- 45% des internautes ont téléchargé ou utilisé du contenu piraté (26% pour l'ensemble des français),
- Ce taux monte à 64% pour les moins de 24 ans et tombe à 30% pour les plus de 35 ans,
- Ce résultat est bien réparti dans la population. Même si les hommes sont un peu plus coupables que les femmes, la profession ou le lieu d'habitation importe peu,
- Le piratage concerne surtout la musique (33%), puis en second lieu les films (24%), puis les séries télé (11%) et enfin les jeux vidéo (7%) restent peu touchés.

Il s'agit donc bien d'un phénomène massif qui touche la moitié de la population internaute française de plus de 18 ans (et si le sondage avait interrogé les moins de 18 ans, il ne fait aucun doute que les chiffres seraient encore plus élevés). La musique et les films sont surtout touchés.

A la décharge de tous ces "pirates", le prix de la culture en France reste outrageusement élevé. Les DVDs hors promotions à 20 €, les BluRays de 30 à 40€... Avec la multiplication pour les ménages des dépenses « media » (téléphone fixe, téléphone mobile, Internet, sonneries, chaînes à péage, télévision câblée…) qui a encore les moyens de payer de tels tarifs pour un film ?

A titre de comparaison, Warner a annoncé ce week-end qu'il allait produire des CBHD (format équivalent au BluRay pour la Chine) qui seront vendus là-bas moins de 7 €. Il ne fait aucun doute qu'à 7 € pièce le marché du BluRay décollerait rapidement en occident aussi vite que le piratage diminuerait !

Dans la même veine, au journal de 20h ce week-end on apprenait que le dernier album de Cool and the Gang est distribué gratuitement comme "cadeau bonux" (dans les paquets de lessive Bonux, donc), ce qui a permis d'en écouler 200 000 en un temps record. Eh oui messieurs les éditeurs, si vous donnez votre musique gratuitement ou pour un prix très raisonnable, il y a des preneurs !! (mais pas à 12€ le CD...). Quelle découverte...

Pendant ce temps notre cher gouvernement, toujours à la solde des lobbies industriels (ceux proches de notre Sarko national en tête bien sûr), nous prépare une loi "HADOPI" pas piquée des hannetons.

Elle prévoit qu'un internaute pris en flagrant délit de piratage (par flicage privé de sa connexion Internet par les ayants droits bien sûr) se verra envoyer une lettre d'avertissement, puis s'il récidive verra sa connexion Internet coupée (avec inscription à une liste noire pour l'empêcher de s'inscrire chez un autre opérateur) pendant une durée déterminée.

Une sorte de suspension de permis de l'Internet en sorte... Je ne suis pas spécialiste, mais il me semble qu’en droit toute peine doit rester proportionnée à un délit. Couper un citoyen de l'accès à Internet (outil désormais vital pour le travail, la recherche d’emploi, l’éducation des enfants, les démarches administratives…) : est-ce une peine bien proportionnée à du piratage de media (raisonnablement assimilable à un vol de valeur au mieux égale à quelques centaines d'euros...) ?

Même nos députés Européens se sont émus de ces excès et ont voté un amendement visant à interdire le filtrage à des fins de détection, de poursuite ou de prévention d’activités violant la propriété intellectuelle. Malheureusement, il n’y a que peu de chances que cet amendement passe le couperet de la commission Européenne. (Edit : il y a en fait de multiples rebondissements dans cette histoire).

Mais il y a pire.

Puisqu'il est impossible techniquement de prouver qu'une adresse Internet (la fameuse adresse IP) est bien associée à un individu (plusieurs ordinateurs dans une famille, facilité de pirater la connexion du voisin, points d'accès Wifi ouverts, etc...), le Rapport Création et Internet, publié en décembre dernier en préparation de cette loi, prévoit que :

- Les connexions Internet Nomade (hotspots Wifi gratuits ou payants) ne donneraient plus accès à Internet librement, mais à "un nombre fini de sites (...) ne permettant en aucun cas le téléchargement et permettrait (...) l'accès aux sites des administrations ou des services publics"... (Limitation des contenus à la Chinoise ?)
- De "filtrer" les contenus illicites, soit directement sur le poste client, soit au niveau du fournisseur d'accès sous la forme de l'installation d'un logiciel (payant) ou d'une option de son contrat ADSL (payante)...

Il faudra donc payer pour se protéger contre le risque juridique que la loi HADOPI va faire peser sur chacun de nous, à condition que ce soit possible :
- encore faut-t-il que les logiciels en question existent pour son système d’exploitation (Mac, Linux, attention !)
- et qu’ils soient suffisamment fiables pour ne pas mettre en péril l’utilisation même de l’ordinateur (Les anti virus ne sont pas les meilleurs exemples de logiciels « transparents », par exemple)
- et qu’ils apportent réellement les garanties escomptées (Qui contrôle que ces logiciels fonctionnent réellement ?)

Bref, l’horizon législatif est d’une noirceur qui n’a d’égale que la cupidité des majors…

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