jeudi 21 mai 2009

Exposition : Henri Rivière à la BNF

A l'occasion de la nuit des musées Samedi dernier, j'ai visité l'exposition dédiée à Henri Rivière à la BNF. Cet artiste breton du début du XXème a brillé par son utilisation virtuose des moyens de reproduction mécanique : lithographie, eau forte et... gravure sur bois selon la méthode japonaise.

La première partie de l'expo insiste sur l'utilisation de cette technique particulière. Henri Rivière n'est jamais allé au Japon mais il est tombé amoureux des gravures des grands maîtres nippons dont il est devenu collectionneur.





Sans aucune formation académique dans le domaine des arts, il fréquente les salons parisiens, fréquente les artistes en vogue de l’époque et se lance dans les techniques de reproduction mécaniques : lithographie, eau-forte et gravure sur bois. La méthode Japonaise consiste à graver sur du bois poli (généralement du cerisier), à l'aide de gouges, le motif d'une des couleurs de l'oeuvre.

Chaque planche en bois apporte ainsi un ton. Les gravures des maîtres peuvent comporter jusque 10 planches et autant de couleurs. L'exposition compare les oeuvres de Henri Rivière avec celles du très célèbre Hokusai.





Une telle présentation "côte à côte" permet de bien juger de l'influence de l'esthétique japonaise sur le Français. Les thèmes liés à la mer ont sans doute semblés naturels pour ce breton dont la maison était balayée par les embruns. Pourtant, si l'appropriation d'une culture orientale vers 1900 est assez exceptionnelle, la comparaison n'est pas à l'avantage du français. Les oeuvres des maîtres restent plus pures, plus fines, plus dynamiques.

Le français est tout entier voué à s’approprier la technique pour, par exemple, restituer avec finesse toute la dynamique de l’écume de mer. Du coup, l'artiste passe parfois en arrière plan tant le technicien prends de la place.

Chez Hokusai, au contraire, la technique n'est qu'un outil pour raconter une histoire toujours centrée sur l'homme. Ainsi, la grande vague si célèbre est avant tout une menace qui pèse sur les pêcheurs sur leur frêle embarcation. La disproportion entre la vague qui occupe tout le tableau et les hommes à peine visibles nous fait sentir notre petitesse face aux caprices de la nature.





Tout comme les Japonais, Henri Rivière va également publier de nombreuses séries d'oeuvres autour d'un thème. Hokusai compose les Trente-six vues du mont Fuji, le français s'attaque aux Trente-six vues de la tour Eiffel, une magnifique série de lithographies aux tons beige et oranges.






Il est très intéressant de voir, également, que le français est un précurseur du style "Bande Dessinée" et de la ligne claire. Certaines images semblent directement issues d'albums modernes. Hergé connaissait-t-il l'oeuvre d'Henri Rivière ? D’ailleurs beaucoup considèrent que Hokusai est, pour sa part, le premier dessinateur de Manga au Japon...





Pour la deuxième partie de son oeuvre, Henri Rivière abandonne totalement les moyens de reproduction mécanique pour se consacrer entièrement à l'aquarelle. Alors que bien souvent les aquarelles sont des tableaux un peu fades aux tons délavés et aux formes floues, celles de Henri Rivière sont colorées, précises, douces, magnifiques !



3 commentaires:

  1. Bonjour,

    J'ai vu cette expo hier, au contraire de vos impressions sur Henri Rivière je me permets de vous citer "..la comparaison n'est pas à l'avantage du français", je trouve l'orientation du travail de Rivière, tout à la tâche de montrer, dans les préoccupations picturales de l'époque, la beauté de paysages simples parfois grandioses où l'homme en général, n'apparaît que peu.

    L'artiste ne s'en tient pas non à la représentation d'une campagne idéalisée et traduit également comme dans les estampes japonaises qu'il admire, la ville urbaine et populaire qui s'offre à la contemplation de points de vues distants.

    Les 36 vues de la tour Eiffel (elles ne sont pas toutes exposées c'est un peu l'erreur d'une exposition néanmoins réussie, consacrée à l'oeuvre de Rivière) sont belles et sobres et n'ont pas à souffrir des illustres vues du non moins illustre Hokusaï. Elles sont faites de simplicité moins de théâtralité, les deux artistes s'il faut établir quelques comparaisons montrent ici des perceptions très différentes.

    Chez Henri Rivière, n'y a pas de parti pris graphique de radicaliser par le trait, de marquer par le dessin mais de donner soit au tampon de la plaque soit au blanc du papier une atmosphère de lumières de formes et de couleurs. Un tout, de douceur, de calme, dans une nature belle presque magnifiée... quelques havres de paix comme des petits des bonheurs à graver dans nos esprits.

    Une exposition à voir !

    Le 03/Juillet/2009

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  2. Hello,
    Thank you for your post.
    Do you happen to know his technique? Are there more editions to his woodcuts?
    Thank you.

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  3. I don't know any modern editions of his woodcuts.
    You can get books about his work, such as this one : http://www.amazon.com/Thirty-Six-Views-Eiffel-Tower-Riviere/dp/0811876985/
    Thanks for your comments.

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