jeudi 21 mai 2009

Exposition : Henri Rivière à la BNF

A l'occasion de la nuit des musées Samedi dernier, j'ai visité l'exposition dédiée à Henri Rivière à la BNF. Cet artiste breton du début du XXème a brillé par son utilisation virtuose des moyens de reproduction mécanique : lithographie, eau forte et... gravure sur bois selon la méthode japonaise.

La première partie de l'expo insiste sur l'utilisation de cette technique particulière. Henri Rivière n'est jamais allé au Japon mais il est tombé amoureux des gravures des grands maîtres nippons dont il est devenu collectionneur.





Sans aucune formation académique dans le domaine des arts, il fréquente les salons parisiens, fréquente les artistes en vogue de l’époque et se lance dans les techniques de reproduction mécaniques : lithographie, eau-forte et gravure sur bois. La méthode Japonaise consiste à graver sur du bois poli (généralement du cerisier), à l'aide de gouges, le motif d'une des couleurs de l'oeuvre.

Chaque planche en bois apporte ainsi un ton. Les gravures des maîtres peuvent comporter jusque 10 planches et autant de couleurs. L'exposition compare les oeuvres de Henri Rivière avec celles du très célèbre Hokusai.





Une telle présentation "côte à côte" permet de bien juger de l'influence de l'esthétique japonaise sur le Français. Les thèmes liés à la mer ont sans doute semblés naturels pour ce breton dont la maison était balayée par les embruns. Pourtant, si l'appropriation d'une culture orientale vers 1900 est assez exceptionnelle, la comparaison n'est pas à l'avantage du français. Les oeuvres des maîtres restent plus pures, plus fines, plus dynamiques.

Le français est tout entier voué à s’approprier la technique pour, par exemple, restituer avec finesse toute la dynamique de l’écume de mer. Du coup, l'artiste passe parfois en arrière plan tant le technicien prends de la place.

Chez Hokusai, au contraire, la technique n'est qu'un outil pour raconter une histoire toujours centrée sur l'homme. Ainsi, la grande vague si célèbre est avant tout une menace qui pèse sur les pêcheurs sur leur frêle embarcation. La disproportion entre la vague qui occupe tout le tableau et les hommes à peine visibles nous fait sentir notre petitesse face aux caprices de la nature.





Tout comme les Japonais, Henri Rivière va également publier de nombreuses séries d'oeuvres autour d'un thème. Hokusai compose les Trente-six vues du mont Fuji, le français s'attaque aux Trente-six vues de la tour Eiffel, une magnifique série de lithographies aux tons beige et oranges.






Il est très intéressant de voir, également, que le français est un précurseur du style "Bande Dessinée" et de la ligne claire. Certaines images semblent directement issues d'albums modernes. Hergé connaissait-t-il l'oeuvre d'Henri Rivière ? D’ailleurs beaucoup considèrent que Hokusai est, pour sa part, le premier dessinateur de Manga au Japon...





Pour la deuxième partie de son oeuvre, Henri Rivière abandonne totalement les moyens de reproduction mécanique pour se consacrer entièrement à l'aquarelle. Alors que bien souvent les aquarelles sont des tableaux un peu fades aux tons délavés et aux formes floues, celles de Henri Rivière sont colorées, précises, douces, magnifiques !



Télévision : 7ème prime pour La Nouvelle Star

Mardi il n'y avait plus que 5 candidats en compétition pour La Nouvelle Star 2009. Exceptionnellement, la programmation musicale a été faite à partir de propositions du public sur le site web de l'émission. Je retire une impression très mitigée de cette soirée, rien de catastrophique, rien d'exceptionnel non plus.

Un mot d'abord sur les chansons de groupe. Par deux fois (Waterloo d'Abba en introduction et Spacer de Sheila and the B Devotion ensuite), Soan a fait preuve d'un mauvais esprit certain. Oui ce n'est pas son style de musique. Oui ce n'est pas sa tasse de thé de s'habiller disco. Mais il pourrait avoir l'intelligence de jouer le jeu par respect pour le public au lieu de bâcler ça n'importe comment ! Il est vraiment rebelle, celui-là. Je comprends totalement son point de vue, en décalage total avec l'esprit commercial de l'émission. Mais il doit réaliser que le public et M6 lui offrent une chance incroyable d'être là !

Thomas commence avec Ca plane pour moi, le tube de Plastic Bertrand en 1979, qu'il revisite avec une énergie de tous les diables. Philippe lui reproche une fois de plus un manque d'originalité artistique. 1 rouge et 3 bleus.

C'est curieux, il semble vraiment fait pour ces tubes Disco et pourtant il massacre Love Today de Mika. Il a de gros problèmes de rythme, il est souvent décalé par rapport à l'orchestre. Et une fois de plus on peine à trouver un sens artistique dans tout ça. 3 rouges et 1 bleu.

Leila, pour son premier passage, a la lourde tâche de reprendre le magnifique Babooshka de Kate Bush en 1980. Musicalement, la reprise est de qualité même si on regrette un peu l'absence des bruitages de verre brisé si typiques de l'original. C'est très bien en place, nuancé, malgré l'extrême difficulté vocale de chausser les babouches d'une artiste aussi exceptionnelle de Kate Bush. 4 bleus.

Par contre, visuellement, le doigt pointé et le pas de danse "like an Egyptian" de Leila commencent à m'énerver tellement on l'a vu et revu au fil des émissions. Il faut qu'elle sorte de ses deux mimiques, qu'elle se libère de son style campagnard et ça sera plus agréable à regarder !

Beaucoup plus calme, elle interprète ensuite Ma plus belle histoire d'amour de Barbara. Elle prend le temps de poser sa voix et, surtout, réussit à ne pas tomber dans l'imitation ou la singerie de la Grande Dame. Pour moi il manque quand même une pointe d'émotion, la petite étincelle et, comme Sinclair et Philippe, j'ai trouvé ça interminable. 2 bleus, 2 rouges.

Dalé est éliminé cette semaine. Il faut dire qu'il a continué d'alterner des prestations honorables avec des catastrophes. Cette semaine il tente Mon Paradis de Christophe Maé. Tout le début de la chanson est poussif. Problèmes de justesse, voix blanche et sans intérêt, difficulté à faire groover les phrases. Il se rattrape de justesse sur la toute fin en tentant une impro africaine du meilleur effet. Comme le souligne Sinclair, Christophe Maé est un très bon chanteur et Dalé n'est juste pas à la hauteur. 3 rouges et une indulgence de Manoukian.

Puis il interprète On Broadway, chanson des années 60 des Drifters jazzifiée par George Benson en 1977. C'était pas mal, surtout sur la fin, un peu poussif encore pour le reste. 3 bleus et un rouge, le public ne sera visiblement pas convaincu.

Soan, mon chouchou d'habitude, m'a beaucoup déçu cette fois. Outre sa désinvolture sur les chansons de groupe, il n'a pas spécialement brillé sur Seven Nation Army des White Stripes. Pourquoi un tel choix ? Il n'y a presque rien à chanter sur ce titre, toute sa force vient du refrain qui est instrumental. Personnellement, je me suis ennuyé ferme et j'ai du mal à comprendre les 3 bleus du jury pour ce "Cinoche" comme le dit Sinclair.

Et j'ai vraiment détesté sa reprise de Ces gens là de Jacques Brel. C'était tellement un copier / coller de l'original que c'en était insupportable. Brel avait une façon très particulière de rendre ce magnifique texte. Soan a fait le singe, jusque dans la moindre respiration, la moindre intonation, mais en moins bien. Lio souligne ces erreurs par un rouge, les trois autres ont aimé, pourtant.

Camélia Jordana réussit une jolie version de L'invitation de Louise Attaque. La chanson a l'air très difficile : il manque la touche acoustique du violon dans l'orchestre et le duo de voix de l'original. Sa version est douce et inventive, en suivant globalement la mélodie avec quelques échappées de très bon goût. Et pour une fois sur une chanson rapide, elle arrive à maîtriser son vibrato. J'ai beaucoup aimé. Le jury aussi, 4 bleus.

Elle est beaucoup moins convaincante sur Back to Black de Amy Winehouse. Beaucoup trop propre sur elle, elle est trop "blanche" pour chanter ce titre. Les notes y sont, le rythme aussi, mais il manque l'essentiel : l'esprit de la chanson, cette pointe de venin, ce côté série noire.

D'ailleurs on voit qu'elle est déçue de sa prestation (elle ne peux jamais le cacher, c'est son côté naturel, encore enfant...) et le jury est mitigé. 2 rouges, 2 bleus.

J'espère que les 4 candidats restants vont reprendre un peu d'énergie d'ici la semaine prochaine. Tout peut encore changer d'ici le duel final avec Leila qui s'améliore régulièrement et Soan qui commence à laisser sa rébellion remonter à la surface et pourrait tout gâcher...

A suivre.

jeudi 14 mai 2009

Jean-Pierre Jeunet filme Audrey Tautou pour Chanel

Depuis quelques jours la nouvelle publicité Numéro 5 de Chanel est sur les écrans. Le film est signé Jean-Pierre Jeunet et la nouvelle égérie des parfums de la marque est Audrey Tautou.

Le film est visuellement très réussi ; Ambiance feutrée, montage fluide, les rappels des visuels de la marque sont intégrés subtilement (le double C, l'étoile). Audrey Tautou est très belle, très "femme fatale", en décalage avec l'image de femme-enfant un peu boudeuse qu'elle véhicule souvent dans ses films.

La qualité technique étant incontestable, on peut alors s'interroger sur la pertinence du film en tant qu'outil de communication.

Tout d'abord, le spot est malheureusement au niveau zéro de la créativité. Aucune originalité, aucune audace, aucun parti pris. Juste une belle réalisation, un visuel agréable. Je repense avec nostalgie aux chefs d'oeuvre intemporels que la marque nous a laissés (Jean-Paul Goude et son Grand hotel Egoiste en 1990 puis Vanessa Paradis dans sa cage en 1992 ou encore Le chaperon rouge par Luc Besson en 1998).

Ensuite, quelles sont les valeurs véhiculées par ce nouveau film ? Je n'en vois qu'une seule : l'argent. Mme voyage en Orient Express, Mme photographie en Leica, Mme s'offre des escapades en yacht dans des lieux hors du temps au sud de l'Europe... Finalement on verrait bien le slogan "pour le reste il y a Eurocard Mastercard" en guise d'écran final...

Les campagnes Numéro 5 mythiques que je cite étaient, elles, toutes orientées vers le rêve, l'imaginaire. Est-ce un recentrage voulu de la marque sur le luxe, l'exclusif ? N'est-ce pas dangereux, en ces temps de crise, de se couper des masses, de leur dire "regardez, ce n'est pas pour vous" ?

Enfin il y a la polémique. Audrey Tautou à la fois à l'affiche de Coco avant Chanel et ambassadrice de Numéro 5. La marque insiste sur le hasard, sur le fait qu'elle n'était pas impliquée dans le long métrage. J'ai beaucoup de mal à y croire et ce n'est pas très crédible, en fait. Ils ont bien dû donner les autorisations à Anne Fontaine pour utiliser le nom Chanel dans le titre de son film et pour filmer dans l'appartement historique de Gabrielle Chanel, rue Cambon... ?!

En conclusion, je reste sur ma faim et continue d'attendre des marques de luxe qu'elles m'apportent du rêve comme elles l'on fait dans le passé.

Télévision : 6ème prime pour La Nouvelle Star

La soirée de Mardi était consacrée aux musiques de film, et les candidats ont eu le privilège d'être entièrement habillés par Jean-Paul Gaultier, présent dans le public et qui a semblé prendre beaucoup de plaisir à regarder cette émission. La "patte" Gaultier est bien visible dès la chanson d'ouverture (marinières pour tout le monde) et par la suite il parvient à trouver pour chaque candidat des tenues adaptées à leur personnalité.

Le nombre d'apprentis chanteurs diminuant, ils ont maintenant la lourde responsabilité de nous émerveiller deux fois en solo dans la soirée ! Le choix de la production pour l'ordre des poulains est habituel : les plus faibles en première moitié de soirée (Thomas, Damien, Leila), les favoris en deuxième moitié (Dalé, Camilla Jordana, Soan).

L'émission commence donc par Thomas. Il ouvre le bal avec une reprise de Starsailor Four to the floor. Cette chanson a une particularité. Elle est initialement sortie sur l'album Silence Is Easy en 2003 dans une version douce, acoustique, à la mélodie planante et aux copieuses nappes de cordes. Mais le succès est venu en 2004 grâce au single remixé "Duke Remix" qui accélère le tempo, épure la mélodie et remplace l'accompagnement symphonique par un pur beat de dance floor.

Thomas, comme toujours peu inspiré artistiquement, s'engouffre sur la version Dance en effleurant à peine la musicalité de l'original. Mais ne faisons pas la fine bouche, c'est en vrai Diva Disco qu'il nous donne envie de bouger et délivre une prestation excellente saluée par 4 bleus.

En deuxième partie d'émission, par contre, il perd tous ses moyens sur Ce n'est rien de Julien Clerc. Son timbre est faiblard et il multiplie les fausses notes. Il semble pourtant content de lui après sa prestation, mais le jury sanctionne avec 3 rouges et un seul bleu donné par Lio qui restera globalement indulgente ce soir.

En seconde position, Damien est l'éliminé de la semaine, décision juste des votes du public tant il a une fois de plus été "le maillon faible". Aucune de ses deux prestations ne convainc vraiment. Molasson sur la mélasse d'Etienne Daho Le premier jour du reste de ta vie, son interprétation sans aucun intérêt marque le premier 4 rouges de l'émission.

Il tente de se rattraper en s'attaquant à Bob Marley sur No woman, no cry. Au mieux de sa forme, il reste pourtant bien en dessous de ce que la chanson exige. Il n'a pas le groove, il ne donne pas toujours les notes, et son accent anglais n'est qu'une horrible patate chaude. Le monument Marley reste intouchable comme le souligne Philippe Manoeuvre qui donne un rouge, 3 bleus pour les autres.

Vient ensuite Leila, qui navigue à vue depuis quelque temps. Son premier passage est très brouillon sur Think d'Aretha Franklin, une ligne mélodique bâclée, des paroles mangées, oh là ! Leila perd toujours un peu le nord dès que le tempo accélère. 3 rouges et 1 bleu (Lio, encore).

Elle se rattrape très bien sur Parle plus bas, chanson de Dalida sur la musique du Parrain. En évitant de bouger et de faire la folle, elle peut poser son timbre et s'exprimer réellement. Sa voix n'est pas sans rappeler celle de Muriel Moreno, la chanteuse de Niagara. Jean-Paul Gaultier l'habille d'un petit imperméable noir du meilleur effet. Seul Manoukian met un rouge, je ne le comprendrai jamais, celui-là !

Je passe rapidement sur Dalé qui me semble totalement hors compétition maintenant. On connaît ses limites : bon crieur, il est incapable de poser sa voix sur une chanson lente, il n'arrive pas non plus à trouver le groove. Du coup il se plante en essayant une version douce et blues de La musique que j'aime de Johnny Halliday (4 rouges) et se rattrape sur un titre adapté à ses petites capacités : Sympathy for the Devil des Rolling Stones (4 bleus), servi par un orchestre déchaîné et un solo de guitare de haute voltige.

On passe alors dans la cour des grands avec Camelia Jordana. Elle commence par Anyone Else But You de The Moldy Peaches. Cette chanson intimiste est le prétexte à la scène qui noue la complicité entre les deux personnages principaux dans le film Juno.

Elle s'en tire haut la main avec 4 bleus. Nuance et légèreté rendent son interprétation agréable alors que le morceau, avec ses deux uniques accords entêtants, peut vite devenir lassant.

Puis elle repart du côté de ces chansons douces qu'elle sait si bien reprendre avec Que reste-t-il de nos amours de Charles Trenet. Lio ne sera pas convaincue, évoquant le "manque de passé" dans l'interprétation, mais c'est par ailleurs 3 bleus. J'ai trouvé intéressant l'arrangement jazz / bossa nova tout en syncopes. Une rythmique très casse gueule (un départ un peu loupé en milieu de chanson, d'ailleurs) mais qui redonne un bon coup de jeune à ce classique.

Et je termine par mon rockeur préféré. Soan s'attaque au monument Gainsbourg avec Requiem pour un con. L'orchestration est magnifique, qui démarre en percussions comme sur la version originale, puis s'oriente vers une approche plus électro-rock qui caractérisait Gainsbourg sur la fin. Jouant à fond la provoc, Soan rend hommage à Gainsbarre en allumant une gitane en plein milieu de la chanson ! C'est un spectacle total qui laisse le jury mitigé avec 2 bleus / 2 rouges.

Il termine l'émission avec une version survoltée de My Way, en allant chercher son inspiration du côté du Punk et des Sex Pistols. Et c'est un déchaînement de batterie, de guitares saturées, de rythme endiablé. Comme il avait su le faire sur Boy's Don't Cry il y a quelques semaines, il trouve un timbre de voix typiquement Punk, allant même jusqu'à prendre l'accent cockney typique de l'argot anglais.

Ce n'est plus La Nouvelle Star, c'est un véritable Show, un concert, et c'est 4 bleus bien sûr. Il faut, je pense, remercier M6 de permettre en prime time ce genre d'audace, de passer en quelques minutes de Charles Trenet à The Sex Pistols ! Du vrai punk / rock, live, à la télévision, à une heure de grande écoute, c'est suffisamment rare pour être souligné en ces temps de politiquement correct...

A suivre...

jeudi 7 mai 2009

Album : Depeche Mode 'Sounds of The Universe'

Le nouvel album de Depeche Mode vient d'arriver dans les bacs. Je n'attends normalement pas grand chose de ces groupes de légende qui, bien souvent, continuent de produire par habitude des albums fades et sans intérêt (The Cure, U2, The Rolling Stones, ...).





J'ai donc été très agréablement surpris à l'écoute de ce "Sounds of The Universe". Le groupe a fait un gros travail pour à la fois conserver son identité forte tout en se réinventant dans plus de modernité.

Chaque titre nous ramène ici ou là dans la carrière du groupe. L'utilisation massive de synthétiseurs vintages, de machines des années 80 est pour beaucoup dans cette ambiance. Certains accents de mélodies aussi.

Zoom sur quelques perles.

Dès le deuxième titre "Hole to Feed", la rythmique monte en puissance et devient très intéressante, donne envie de bouger. La mélodie se rapproche de ce que l'on entendait en 1986 sur Black Celebration. Le groupe s'amuse même à s'auto-référencer et certains bruitages semblent avoir fait un voyage de 23 ans dans le temps.

Un peu plus loin, "Fragile Tension" glisse sous une mélodie coulée un fond résolument techno avant-gardiste. Je retrouve en effet les sons incisifs, industriels et violents qui me font penser à une Ellen Allien (dont j'ai adoré l'album Berlinette en 2003).

"In Sympathy" mêle une rythmique résolument XXIème siècle à des sons acoustiques de guitare très ronds et doux. Bien que le groupe ait déjà utilisé ce mélange avec le succès que l'on sait dès 1990 sur Enjoy The Silence, c'est beaucoup plus radical aujourd'hui. Les Chemical Brothers sont passés par là et ça se sent.

D'ailleurs j'ai l'impression qu'à l'aube d'une nouvelle décennie on voit se dessiner l'héritage des années 2000. L'électro, la techno même, sortent enfin de leur ghetto grâce à des groupes comme The Prodigy, The Propellerheads et des films comme Blade ou Matrix.

Cet album va rester un moment dans mes playlist !

mercredi 6 mai 2009

Télévision : 5ème prime pour La Nouvelle Star

Ma petite saga Nouvelle Star continue cette semaine... L'émission était de qualité crescendo mardi soir avec quelques bonnes doses de déceptions et de frissons.

Mais tout d'abord on remarque que la production a abandonné ses pitoyables tentatives pour imposer un thème à la soirée. Quartier libre ce soir et c'est tant mieux. Seul fil conducteur : Julien Doré, le gagnant de l'opus 2007, vient faire la promo du deuxième single de son album Ersatz, sorti il y a un an.

On pense alors à la frénésie de travail des vrais grands musiciens qui sortaient un album par an (et non pas un single du même album par an...). The Cure : 4 albums majeurs en 1979, 80, 81 et 82. Les Beatles : presque deux albums par an entre 1963 et 68. Etc...

L'ordre des candidats est de nouveau révélateur des intentions de la prod. Les cibles à éliminer en première moitié d'émission (Damien, Leila, Lary, Thomas), les valeurs sûres pour tenir l'audience sur la fin (Soan, Camelia Jordana).

Damien en pôle position est donc en danger. Après s'être un peu rattrapé la semaine dernière, il doit confirmer sa remontée. Il s'attaque à Wonderwall d'Oasis avec une introduction acoustique douce, originale et fort agréable. La suite est plus conventionnelle, mais assez bien menée. Je lui trouve toujours un énorme manque de justesse très pénalisant. Trois bleus.

Leila, malgré son originalité, navigue un peu à vue et a du mal à trouver sa place dans la compétition, à trouver les chansons qui vont mettre en valeur sa voix de diva des campagnes. Elle nous sert un Frozen de Madonna qui ne fait pas l'unanimité du jury (un rouge, deux bleus).

J'aime vraiment beaucoup cette chanson électro-mystique de la madone. C'était un moment fort de l'album Ray Of Light, remarquablement bien produit, et qui résumait à lui seul l'atmosphère du disque, tout emprunt de la nouvelle passion de l'artiste pour le sacré. Le clip également était de toute beauté.

Alors la prestation de Leila est plutôt réussie pour moi : elle se démarque du côté électro pop par une orchestration un peu plus rock, et sa voix se prête admirablement aux nappes vocales légèrement orientalisées du refrain. Gros bémol, elle nous fait un beau canard en milieu de chanson ou elle démarre carrément une mesure en avance et a bien du mal à rattraper le tempo.

Lary tente pour une fois de sortir de la mélasse et se lance sur I heard it through the grapevine de Marvin Gaye, sur un tempo plus rapide que l'original. Mais le tempo ne fait pas tout, il n'arrive pas à amener l'énergie suffisante pour propulser ce morceau où il le mérite. Chaque note traine en longueur, et empêche la mélodie de s'élever.

On reste drôlement sur sa faim et malgré les efforts de l'orchestre on s'ennuie ferme. Pauvre Lary. Après toutes ces chansons mièvres, c'était la goutte d'eau, et le jury le sanctionne avec deux rouges pour un bleu. Le vote du public est, lui, fatal : il est éliminé ce soir.

Je passe très vite sur Thomas qui fait de son mieux sur Tu m'oublieras, une horrible petite chanson insipide et de mauvais goût signée Régine et Larusso. Philippe Manoeuvre résume d'ailleurs très bien : "passons sur la répugnance naturelle que nous inspire cette chanson" !

Après Mozart Opéra Rock il y a quelques semaines, le petit Thomas ferait bien de se faire une culture musicale à l'extérieur d'un salon de coiffure ou d'un supermarché s'il veut arriver quelque part dans le show business... A moins qu'il ne cible la ménagère de moins de 50 ans, ce qui peut être aussi un bon calcul. Il s'en sort quand même bien aujourd'hui avec deux bleus pour un rouge.

Après la coupure pub interminable, Dalé nous massacre Je suis venu te dire que je m'en vais de Gainsbourg. Ca ne ressemble vraiment à rien et à voir comme il est déçu et en colère, il le sait très bien. C'est sanctionné par les seuls "trois rouges" de la soirée, heureusement.

Et c'est le grand tournant, comme la semaine dernière. Arrêtez le Karaoké, les chanteurs entrent en piste. Soan reprend l'étrange Alabama Song popularisé par The Doors en 1967. L'ovni musical date en fait d'un opéra de 1930 et son texte, écrit en allemand par Bertolt Brecht, sent à plein nez la fête foraine, les bars et les mauvais garçons.

L'interprétation de Soan nous apporte donc parfaitement cette ambiance "bar à bière", avec une voix criarde qui va chercher du côté de Shane MacGowan des Pogues. Et en plus du son il y a l'image ; Costume, attitude, chaque détail participe au tableau général. C'est la grande force de Soan : une réelle intelligence, une compréhension des paroles, du contexte de la chanson, un quelque chose en plus au lieu d'une simple juxtaposition de musique et de paroles. Trois bleus évidemment.

On termine en beauté par un nouveau miracle de Camelia Jordana, 16 ans. Une grosse frayeur à l'annonce du titre, d'abord. Le coup de soleil de Cocciante n'est pas exactement ma tasse de thé. J'aurais plutôt tendance à changer de fréquence lorsque ça passe à la radio.

Mais le grain de voix de Camelia est si magique, et son phrasé si subtil modèle chaque phrase et me laisse pantois, envoûté. Un grand chapeau aussi à l'orchestre de l'émission dirigé par Olivier Schulteis qui se rassemble autour d'elle pour une version unplugged dépouillée et pertinente. Trois bleus et les larmes aux yeux pour Lio. Bravo.

Avec Lary en moins, ils ne sont maintenant plus que six. La semaine prochaine ils vont pouvoir chanter deux chansons chacun pour continuer les éliminations. Mon chouchou reste Soan, avec en numéro deux Camelia Jordana (sur des chansons lentes). Les autres candidats me semblent très en dessous.

A suivre...